Self-coaching : pourquoi ou pourquoi pas ?

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Vous foncez ou vous réfléchissez ? De quelle manière affrontez-vous l’imprévu? Petit exercice de self-coaching pour vous aider à faire le point sur votre rapport à l’action.

Lorsqu’ une situation se présente à vous, avez-vous plutôt tendance à vous poser de nombreuses questions et à évaluer précisément son intérêt ou êtes-vous plutôt du genre à foncer en vous disant « Pourquoi pas, on verra bien après » ? En d’autres termes êtes-vous plutôt prudent/analytique ou plutôt fonceur actif ? Aussi caricatural que cela puisse paraître, il existe en chacun de nous une dominante qui penche plutôt d’un côté ou plutôt de l’autre. Aucune de ces dominantes n’est en soi positive ou négative. Il est en revanche intéressant de savoir où se situe notre curseur personnel, afin de pouvoir éventuellement le faire légèrement bouger dans un sens ou dans l’autre.

Le cas de Marc : l’analyse prend le pas sur l’impulsion 
Le supérieur hiérarchique de Marc, directeur commercial lui propose de l’envoyer diriger une filiale de leur entreprise à Singapour avec un fort bonus à la clé et une nette expansion de ses  responsabilités.  Marc, qui est père de famille et qui vient d’acheter une maison, se pose beaucoup de questions. Pourquoi aller là-bas ? Comment cela va- t-il se passer ? Et s’il veut rentrer, quel poste l’attendra ? Mis à part les questionnements d’ordre purement professionnel qu’il est d’usage de poser, Marc est dans un « Pourquoi » plus global. Quand une opportunité comme celle-ci se présente à lui, non seulement il veut en savoir plus sur l’offre, mais il veut aussi se poser la question à lui-même : quel est son intérêt personnel dans ce projet de carrière et de vie ? Marc aime bien sa vie telle qu’elle est maintenant, pourquoi en changer ? Marc va donc par ces différents « Pourquoi » mettre en évaluation le projet  par rapport à ses aspirations profondes et probablement par rapport à celles de sa famille.  Il va également évaluer ce que lui coûterait un refus.
Le cas de Valérie : le sens de l’opportunité
Valérie,  responsable de clientèle,
se voit proposer un nouveau job au sein de son entreprise : elle deviendrait formatrice des jeunes recrues, et pour cela, elle devra suivre un enseignement complémentaire et surtout déménager, afin d’ habiter près du centre de formation, où sont envoyés tous les nouveaux arrivants. Elle n’a pas d’enfants. Son compagnon travaille comme indépendant. Sa réaction est tout de suite enthousiaste. Elle dit oui. Car elle croit au destin et se dit que c’est une chance qui se présente à elle. Et puis,  qu’a-t-elle à perdre, finalement ? Pourquoi ne pas essayer ? De toute façon elle pourra d’une manière ou d’une autre revenir à son job initial si le nouveau ne lui plaît pas et cela l’aura fait progresser.  Valérie est dans le « Pourquoi pas ? », elle prend toujours un changement comme une opportunité à saisir.
Analyse croisée
Que penser de ces deux attitudes ? Vous connaissez certainement la phrase célèbre de Winston Churchill : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. » Serions-nous alors face un duel pessimiste/optimiste ? Il nous semble réducteur de partir dans cette voie, qui tendrait à donner une appréciation négative à l’attitude de refus. De notre point de  vue, nous sommes plutôt face à deux attitudes différentes d’évaluation des risques, qui chacune selon les circonstances sera plus judicieuse. Regardons le mécanisme à l’œuvre directement.
>L’attitude de Marc est prudente et certains pourraient la penser frileuse.  Mais Marc ne veut pas subir les choses. Il pense que ce n’est pas parce qu’on lui propose quelque chose de nouveau que c’est nécessairement mieux. Il pense aux conséquences pour sa famille et craint de bousculer un équilibre qui lui semble bon. Comment lui reprocher cette attitude responsable ? Il se trouve que Marc fait partie des personnes qui n’aiment pas beaucoup bousculer leurs habitudes et qui n’aiment pas l’imprévu. Si bien que même quand il ne s’agit pas de choix aussi radicaux, il a tendance à manquer de spontanéité et aime contrôler ce qui lui arrive. C’est un schéma de comportement qui privilégie plutôt la stabilité et il est probable que compte tenu de son  « écologie personnelle », et de sa situation familiale, il va décliner cette offre professionnelle, pourtant très gratifiante pour sa carrière. Dans un travail de coaching autour de cette décision, il serait intéressant d’aider Marc à prendre conscience que l’imprévu peut aussi être positif. Avec des enjeux moindres, il pourrait ainsi s’autoriser quelques « Pourquoi pas ? ». Car le monde nous oblige, que nous le voulions ou non, à réagir avec souplesse aux événements que nous ne maîtrisons pas.
>Valérie quant à elle, semble à l’aise dans le mouvement. Chaque fois qu’on lui propose quelque chose, il est rare qu’elle le refuse. Elle est toujours « partante ». Où se situe sa limite ? Elle fonce et réfléchit après.  Cela lui a souvent servi, car elle a bénéficié de belles occasions qu’elle a su saisir. Cela lui a été aussi parfois préjudiciable. Dans le cas présent : Valérie ne va-t-elle pas se retrouver piégée dans une situation qui ne lui convient pas ? lus ptrofondément, quels sont les désirs profonds de Valérie ? Les connaît-elle? Son ultra-réactivité  peut aussi être le reflet d’une certaine passivité, d’une fuite vis-à-vis des choix. Il est parfois plus facile de laisser les autres (ou ce que Valérie appelle le destin) décider à sa place. Mais finalement où est sa place ? Un travail de coaching avec Valérie, l’aiderait à trouver son centre personnel, et l’amènerait, tout en conservant son impulsion particulièrement dynamique, à se poser plus souvent quelques « Pourquoi » pour valider son adhésion à ce qui lui est proposé. Et faire émerger un processus de choix en action.
Alors, pourquoi ou pourquoi pas ?
Comme il ressort de ces deux situations, aucune de ces attitudes n’est en soi mauvaise. Selon les prédispositions de chacun, d’une part, les situations et les aspirations, d’autre part, chacun jugera à sa façon de l’intérêt d’une opportunité. Notre époque a tendance à survaloriser la posture du mouvement et à déprécier les positions de prudence. Mais tout le monde n’a pas une vocation d’aventurier ! On entend souvent que « C’est bien de bouger ». Or, ce n’est ni bien, ni mal de bouger en soi. C’est bien, si ce changement a du sens. On peut gagner beaucoup dans le changement, comme on peut perdre aussi. Il faut être prêt à la prise de risque. Et comme dans toute situation de risque, il est utile de l’évaluer.  A l’inverse, à trop se poser de questions, on finit par inhiber l’action et à s’interdire de saisir les surprises comme des chances. La question du Pourquoi /Pourquoi pas est de ce fait selon nous, le reflet des deux faces d’une même réalité. Qui toutes deux participent de l’épanouissement de celui qui l’incarne. La posture la plus judicieuse serait donc peut-être celle qui intégrerait les deux attitudes en simultané. Autorisons-nous de nous poser à nous-mêmes cette double question, de façon à évaluer l’ensemble des paramètres de toute situation même minime, sans s’interdire pour autant une attitude de lâcher-prise dans le courant de la vie.
Olivia Phélip