Dématérialisation des échanges, clivages générationnels, remise en cause des règles managériales, spécificité de la génération dite Y, transformation des usages de travail et nouvelles règles du jeu professionnel… les conséquences psychosociales des bouleversements numériques sont d’ores et déjà considérables. Et nous ne sommes qu’au début d’une grande mutation.
Nous sommes passés en à peine un siècle et demi, d’une révolution industrielle (XIXème), à une société de communication (XXème siècle), pour entrer aujourd’hui dans l’ère du digital, qui démultiplie les échanges et la circulation des données dans des proportions jamais égalées. Pourrions-nous revenir en arrière et ralentir le mouvement, si nous le souhaitions? La réponse est non. Les bouleversements sont d’ores et déjà tellement ancrés et interdépendants les uns les autres, que l’économie et les modes de vie à l’échelle du monde ne peuvent plus en faire abstraction.
Le développement digital va plus vite que son appropriation
Mais, alors que les géants de la révolution « immatérielle » ne cessent de continuer d’inventer de nouvelles applications, poussés par une créativité sans limite, les destinataires de ces innovations (entrepreneurs, entreprises, adolescents, professeurs, médecins, personnes privées…) sont tous contraints d’adapter leurs modes de vie et de production, à marche forcée, sous peine d’être exclus du système. Une adaptation qui ne peut jamais s’arrêter, car il ne se passe pas une semaine sans que de nouveaux produits ou services ne soient annoncés.
Comment se gère ce processus d’adaptation ? Qui le prend en charge ? Jusqu’à maintenant, ce sont les techniciens eux-mêmes, qui apportent le mode d’emploi, comme le sésame de la liberté. Seuls seront mis en avant les impacts positifs du produit ou du service. Existe-t-il un process d’accompagnement du point de vue psycho-social ? Non, car tout à l’excitation de la nouveauté et de la course à la productivité, nul ne songe aux éventuelles difficultés d’intégration ou aux conséquences dangereuses que ces innovations pourraient entraîner. Comme si le passage au tout virtuel était anodin. Comme si relations, règles de pouvoir et échanges n’allaient pas aussi se transformer sous le signe du « désordre digital »… Et comme si les difficultés d’appropriation du monde virtuel ne commençaient pas déjà à produire dans leurs versants extrêmes des pathologies réelles : stress, addictions, repli sur soi, perte de sens de la réalité, violence…
La révolution digitale, une problématique de changement global
Replaçons la transformation numérique dans le contexte du changement. Le changement est souvent accompagné de peurs. Pourtant, il est souvent nécessaire et comme l’écrit Dan Millman, dans Le guerrier pacifique (Way of the Peaceful Warrior, 1980) : « Le secret de changement consiste à concentrer son énergie pour créer du nouveau, et non pas pour se battre contre l’ancien ». Dans tout changement, il doit y avoir une adhésion, afin que l’énergie soit concentrée vers l’apprentissage. Si la résistance est trop forte elle aboutira nécessairement à l’impossibilité de ce changement. Dans une situation qui touche aux fondamentaux de la personne, le coach aura avant tout un rôle d’écoute active, qui va aider le/les coachés à mettre en perspective la question du changement par rapport à son/leur avenir..
Le coach, au cœur des changements induits par le numérique
Voilà pourquoi, il nous semble important d’imaginer un processus d’accompagnement du changement numérique par le coaching. Le coach, qui intervient en même temps que la mise en place des outils ou services, ne se positionne pas comme un adversaire, mais comme un partenaire des acteurs de l’innovation. Pourquoi le coach ? Parce que le coach est le mieux armé à la conduite du changement et que son expertise est à la fois globale et humaniste.
L’enjeu en est décisif, car si la révolution numérique peut devenir source de progrès et de liberté, elle peut aussi se montrer dé-structurante et déshumanisante. Le coach par sa méthodologie spécifique sera à même de contribuer à la recherche de solutions d’adaptation positives, en questionnant la place de chacun dans sa sphère personnelle ou dans celle du travail et son « mode d’être au monde et à soi ». Grâce à l’accompagnement adéquat et personnalisé du coach, les entreprises comme les individus, pourront définir leurs règles d’appropriation, découvrir leurs nouveaux équilibres et bénéficier au mieux des évolutions technologiques. Et ainsi générer leur propre écologie d’un monde professionnel respectueux de chacun, pour plus de liberté, d’harmonie et d’efficacité.
Olivia Phélip